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LE REFUS DU CANADA DE POSER SA CANDIDATURE POUR HÉBERGER LE FORUM SUR LA GOUVERNANCE DE L’INTERNET 2024; UNE OCCASION MANQUÉE POUR LE PAYS ET POUR LA SOCIÉTÉ CIVILE MONDIALE

Le Forum sur la gouvernance d’Internet (FGI) joue un rôle essentiel dans l’élaboration de l’avenir de l’Internet, la promotion de la coopération internationale et la résolution des divers problèmes qui se posent à l’ère numérique. Ces derniers mois, de nombreuses organisations canadiennes nourrissaient de grands espoirs d’accueillir le FGI à Montréal en 2024. Entrainées par eQualitie, qui voyait là l’occasion de montrer l’engagement du pays en faveur d’un internet ouvert et inclusif, ces organisations ont fait campagne sans relâche pour convaincre le gouvernement canadien de se porter candidat. La nouvelle selon laquelle Riyad, en Arabie saoudite, accueillera le FGI 2024 fut une grande déception.

Montréal, hôtesse du FGI 2024

Le Canada est connu pour ses positions fermes en faveur des droits humains, de la liberté d’expression et de gouvernance d’Internet. Il participe activement au FGI depuis sa création en 2006 et plaide en faveur d’un internet ouvert, sûr et accessible. Plusieurs dizaines d’organisations canadiennes, dont des groupes de la société civile, des universités et des acteurs de l’industrie, ont vu dans le FGI 2024 l’occasion de renforcer ces principes sur la scène mondiale.

La campagne visant à accueillir le FGI 2024 à Montréal était fondée sur la conviction que les valeurs du pays correspondaient étroitement aux objectifs du forum. L’engagement du Canada en faveur de l’inclusion numérique, de la collaboration multipartite et de l’innovation a été présenté comme une raison majeure de choisir le pays comme hôte. En outre, le projet a mis l’accent sur l’engagement du Canada à promouvoir un Internet libre et ouvert où les droits humains sont respectés et protégés.

Une occasions manqué pour le Canada

La proposition de Montréal pour le FGI 2024 représentait une occasion de promouvoir ses valeurs et son leadership en matière de gouvernance d’Internet. En accueillant l’événement, le Canada aurait pu montrer l’exemple au monde entier, en mettant en avant son engagement en faveur d’un Internet libre, ouvert et inclusif. En outre, le FGI constitue une plateforme permettant aux nations de s’engager avec un large éventail de parties prenantes, y compris la société civile, l’industrie et le monde universitaire, pour aborder les questions les plus urgentes en matière de gouvernance de l’internet. Le Canada aurait pu profiter de cette occasion pour faciliter des discussions significatives et mener des actions concrètes sur des sujets tels que l’accessibilité numérique, la cybersécurité et l’impact des technologies émergentes.

Les difficultés du Canada avec les grandes entreprises technologiques et la loi C-18 sur l’information en ligne

En outre, le Canada est confronté à des difficultés dans ses relations avec les grandes entreprises technologiques. L’adoption du projet de loi C-18, également connu sous le nom de loi sur l’information en ligne, a suscité un débat important. Cette loi encourage les grandes entreprises technologiques à signer des accords avec les médias canadiens et à payer pour afficher des liens vers des contenus d’actualité. Bien que l’objectif de ce projet de loi soit de soutenir l’industrie de l’information en difficulté, il a suscité des inquiétudes quant à son impact potentiel sur la liberté d’expression et l’ouverture de l’internet.

L’IGF 2024 au Canada aurait pu être une occasion unique pour le pays de s’engager avec d’autres gouvernements intéressés par une approche similaire de la réglementation des grandes entreprises technologies et du soutien à l’industrie des médias. En accueillant l’événement, le Canada aurait pu forger des alliances et partager des idées avec des nations aux vues similaires, ce qui aurait pu influencer les discussions internationales sur le rôle des entreprises technologiques dans le soutien au journalisme et la garantie que le public demeure bien informé.

La candidature du Canada à l’organisation du Forum sur la gouvernance d’Internet en 2024 fut une occasion manquée de montrer son engagement en faveur d’un internet ouvert, inclusif et respectueux des droits et d’entrer en contact avec des gouvernements intéressés par des approches réglementaires similaires. Si Riyad, en Arabie saoudite, apportera sans aucun doute sa perspective particulière à l’événement, elle soulève également des inquiétudes quant à la capacité du forum à maintenir ses principes de dialogue ouvert et de collaboration avec la société civile. Au fur et à mesure que le FGI 2024 se déroulera à Riyad, le monde entier suivra de près la façon dont il relèvera les défis et saisira les opportunités de la gouvernance d’Internet à l’ère numérique.

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